Les muches d'Heudicourt

Si historiquement, les souterrains d’Heudicourt regorgent de trésors. Ils ne sont aujourd’hui pas accessibles au public, les différentes entrées ayant été rebouchées au fil des ans.

Définition : Une muche est un souterrain creusé par l’homme généralement à des fins de protection des villageois et de leurs biens, lors de troubles importants dans la France septentrionale, au Moyen Âge et à l’époque moderne.

Visite du souterrain
par C.BOULANGER – 1900

Le souterrain se compose d’un couloir de 64 mètres de longueur formant deux coudes, de 27 chambres, d’un puits et de quatre cheminées d’aération.

À partir du point C, la galerie tourne vers la droite et se dirige vers le Sud, sur 33mètres. Elle s’infléchit ensuite à l’Ouest puis Sud/Est sur 20 mètres.

L’entrée en forme de puits se trouve dans la laiterie de la ferme (G. DENGLEHEM), on descend dans la muche au moyen d’une échelle. Au fond, il faut ramper et des plaques d’argile obstruent le passage qui se trouve réduit pendant un certain parcours.

Le couloir s’enfonce obliquement dans la terre, de C à D’’, la déclivité donne une différence de niveau de 7 mètres. Le coude D » se trouve à environ 15 mètres au-dessous du niveau de la cour de la ferme. À partir de ce niveau, le souterrain se continue horizontalement.

Les chambres 2, 24, 23, 22 et 9 donnent directement sur la galerie et semblent avoir servi à un usage commun de magasin par exemple

« Nous avons essayé de descendre au fond de ce puits (E) espérant y trouver des objets égarés ou perdus, qui auraient pu nous aider à arracher quelques secrets sur les mystérieux habitants de ces sombres demeures, mais à peine étions-nous avancés sur la pente de six à sept mètres que notre bougie menaça de s’éteindre … »

La chapelle

La chambre N°27 a servi à la célébration de cultes , une pièce que l’on appelle «Cubiculum» ou encore chapelle qui mesure 3m35 delongueur sur 2m75 de largeur et ayant une hauteur de 2m60.

En entrant dans cette chambre, l’attention du visiteur est de suite attirée par une niche en forme d’arc ou arcosolium creusé à 1m du sol. C’est l’hotel où était célébré la messe.

Au dessus de l’arcosolium est aménagé une niche destinée à recevoir un Christ ou une statuette.
Au dessus de cet autel, des petits trous percés dans la pierre destinés à recevoir des goujons auxquels on suspendait des lampes.

Suite de la visite, partie droite du plan

Dans cette partie, devient horizontal. Des chambres se succèdent à droite et à gauche jusqu’à la chemine D’’’ et à la quatrième cheminée (D’’’’) des éboulements d’argile ont rétréci le couloir. Un passage de 0m30 à 0m40 de diamètre force le visiteur à ramper.

Dans la seconde chambre du n°18, dans un angle, est aménagé un banc taillé dans la pierre.

Il est à noté que dans le corridor qui précèdent les chambres, une rainure souvent accompagnée de petits trous pour les chevilles existent. Cela indique clairement qu’elles ont reçu une fermeture.

Les muches d’Heudicourt ont été creusées à coups de pics dans la craie. Dans les galeries comme dans les chambres, ces aspérités sont fortement usées par le frottement, ce qui indique incontestablement que ces muches ont été longuement habitées à plusieurs reprises.

L’eau pluviale ne pénètre pas dans ces galeries et l’argile n’adhère pas aux vêtements, ces muches étaient donc salubres et par conséquent habitables.

Quelques dates récentes sont inscrites sur les murs, indiquant des visites faites depuis 1854.

Il y a encore à Heudicourt, près de l’Eglise, d’autres refuges dont l’existence a été révélée par des excavations survenues après de fortes pluies, mais comme on n’en connait pas actuellement l’entrée, il a été impossible de les explorer. Nous estimons qu’ils sont, en raison de leur situation, postérieurs à ceux dont nous venons de donner descriptions.

Les Muches de Picardie, sauf celles de Naours, n’ont pas encore été explorées avec tout le soin, toute l’attention qu’elles méritent ; une étude sérieuse de ces refuges ménagerait certainement aux explorateurs des découvertes aussi intéressantes qu’inattendues.

Source : C.BOULANGER 1900 – Les muches d’Heudicourt

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